« Après le semis, le sort s’acharne sur la récolte du tournesol et du maïs »
Bertrand Mitard est agriculteur à Fontenay-le-Comte, en Vendée. Après des semis compliqués au printemps, il est maintenant confronté à des moissons de tournesol et maïs grain tout aussi compliquées.
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« J’ai 17 hectares de tournesol, que je n’ai pu semer qu'au début de juin. Et de nouveau, le sort s’acharne », résume Bertrand Mitard, agriculteur à Fontenay-le-Comte, en Vendée.
Les pluies incessantes retardent les récoltes (15/10/2024)
La moitié des tournesols couchés
« Les tournesols étaient très beaux malgré tout. Puis nous avons eu récemment deux tempêtes, qui ont couché des plantes. Il y a aussi eu de la grêle, ce qui fait que la moitié des tournesols sont couchés et en train de pourrir. Ceux qui sont restés debout se sont pris depuis 50 à 80 mm de pluie. Ils sont en train de moisir sur pied. Et on nous annonce encore de l’eau, 50 mm pour les prochains jours. »
« Vient aussi le problème de la portance des sols, poursuit l’agriculteur. Il faudra peut-être faire appel à un entrepreneur pour qu’il intervienne avec des chenilles. Mais ce n’est même pas sûr qu’il veuille venir… La récolte de tournesol est vraiment compromise. Si je dois sortir 10 quintaux en comptant le coût de l’entrepreneur et du séchage, est-ce encore rentable ? »
Bourrages à la récolte
« Il y a dix jours, j’ai passé la moissonneuse chez un collègue, se souvient Bertrand Mitard. Le grain était si humide que ça a provoqué des bourrages. À 20-30 % d'humidité, il y a un vrai risque de bourrage, et aussi d’accident (1). Et puis le tournesol moisi ou germé, le négoce n’en voudra pas. Je ne suis même pas sûr que ça vaille le coup de le mettre dans un méthaniseur… »
« Quant au maïs grain, il n’a pas été couché par les tempêtes, mais il s’est incliné. Quoi qu’il en soit, il reste du lait dans les épis et la récolte ne pourra pas se faire avant un mois. Là encore, ça dépendra de la portance des sols. J’ai de la chance d’être dans le bocage et d’avoir des sols bien drainés. »
« C’est pour ça que je prends le risque d’attendre pour le récolter, quitte à faire venir un prestataire avec des chenilles. Mais se pose la même question que pour les tournesols, celle du coût. Pour un rendement du maïs à 70-80 q/ha, avec les coûts du prestataire et du séchage, qu’est-ce que je vais gagner ? »
Assolements bousculés
« Derrière les tournesols, j’avais prévu de semer du blé, mais là aussi, ce sera compliqué, redoute Bertrand Mitard. Les parcelles sont défoncées par le passage de la moissonneuse. Avec les ornières que cela crée, je risque de ne pas pouvoir passer le semoir. Les assolements sont complètement bousculés ! »
(1) Deux agriculteurs vendéens ont eu leur jambe avalée par la vis sans fin de leurs moissonneuses alors qu’ils tentaient de pousser les grains qui s’y étaient bloqués.
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